top of page

Enfanter des mots justes : pourquoi le langage inclusif n’est plus une option mais une nécessité en périnatalité

Les paroles qui soignent ou qui blessent


En périnatalité, chaque mot peut être un baume ou une blessure. En tant que doulas, nous avons un pouvoir immense : celui de nommer justement, d’ouvrir l’espace, d’inclure. Cette démarche passe par nos silences, mais aussi par nos paroles. Nous savons que chaque mot peut évoquer une porte ouverte… ou une porte claquée au visage.


Qui dit pouvoir, dit responsabilité. Et dans notre pratique, fermer une porte, c’est fragiliser un chemin de naissance. C’est fragiliser une parentalité.

Dans ce blog, je vous partage pourquoi l’inclusif n’est pas une coquetterie linguistique mais un enjeu vital en périnatalité et comment, concrètement, l’adopter dans nos pratiques.


ree

Quand l’exclusif devient une violence


Permettez-moi d’être direct·e : arrêtons de faire comme si “femme enceinte” était un terme neutre. Il ne l’est pas. Et chaque fois qu’on s’en contente, on efface une réalité plurielle. Les personnes enceintes existent. Elles sont cis, trans, non binaires, fluides, queer. Elles ont besoin d’être vues, respectées, accompagnées, sans avoir à rééduquer le corps périnatal à chaque interaction.


Adopter une formulation inclusive en périnatalité, ce n’est pas un caprice militant. C’est une pratique fondée sur des données probantes. Les recherches sont claires : quand une personne se sent reconnue dans sa totalité, elle accède mieux aux soins, vit moins de stress et tisse des liens de confiance plus profonds avec les accompagnant·es.


À l’inverse, être confronté·e à un discours genré en permanence augmente la détresse et la déconnexion du soin. C’est une violence obstétricale subtile mais bien réelle : nommer à contre-sens de l’identité d’une personne, c’est une blessure qui reste.


« Mais l’inclusif efface-t-il les femmes ? »

Soyons clairs : non. Dire « personnes enceintes » n’efface pas les femmes, ça les inclut avec d’autres réalités. C’est une logique additive, pas soustractive.


Les études en psychologie sociale sont sans appel: l’usage du langage exclusif crée de l’ostracisme. Les femmes se sentent moins légitimes, moins concernées. À l’inverse, l’inclusif augmente la représentation mentale de tous les groupes, sans faire disparaître personne.


Dire « personnes enceintes », c’est élargir le cercle. On ne gomme pas, on ouvre. On additionne. Ce qui efface, c’est le silence.


Cinq pistes pour intégrer l’inclusif dans ta pratique


Tu veux participer au changement de paradigme ? Voici 5 actions concrètes que tu peux facilement mettre en œuvre dès aujourd’hui, de la plus simple à la plus engagée.


1. Formulations

Utilise des termes neutres ou additifs : “personnes enceintes”, “parents”, “accompagnant·es”. Garde “femmes” et “mères” pour quand c’est pertinent et demandé. La souplesse est la clé : l’objectif n’est pas d’imposer, mais de refléter la réalité de la personne en face de toi.


2. Posture

Présente toi avec tes pronoms, car ça invite l’autre à le faire aussi. Vérifie les termes qu’une personne utilise pour parler de son corps ou de sa parentalité. Ce geste simple dit : « Je te vois, et tu comptes. ».


3. Outils

Révise ton site, tes formulaires, tes publications. Chaque mot, chaque visuel compte. Remplace par exemple “accompagner les futures mamans” par “accompagner les personnes enceintes et leurs familles”. C’est dans le détail qu’un monde se construit.


4. Dialogue

Ose en parler avec tes doulami·es. Explique tes choix, cite les recherches, pour montrer que ce n’est pas une lubie personnelle mais une évolution professionnelle nécessaire. Le changement se normalise quand il est expliqué avec pédagogie et conviction.


5. Formation

Investis dans ton apprentissage. Par exemple, l’AQD, en collaboration avec la Coalition des familles LGBT+, offre une formation dédiée le 29 septembre 2025. Une occasion en or pour aller plus loin et renforcer nos pratiques. C’est l’occasion d’approfondir, de poser des questions, de sortir du flou.


ree

Et toi, quels mots enfantent ta pratique ?


Changer sa manière de parler, c’est déroutant au début. Mais c’est profondément libérateur. Pour celleux que nous accompagnons, et pour nous-mêmes, doulas convaincu·es qu’un accompagnement doit être radicalement humain.


Nos paroles enfantent aussi. Alors, choisissons qu’elles donnent naissance à un monde plus sécuritaire et juste pour toustes.


Et si on faisait de nos mots des outils de révolution douce, mais ferme ?


_________

Et toi, comment as-tu transformé ton accompagnement pour qu’il soit plus inclusif ? Partage ton expérience dans les commentaires !




Références


 
 
 

9 commentaires

Noté 0 étoile sur 5.
Pas encore de note

Ajouter une note
Marie-Lou
26 sept.
Noté 5 étoiles sur 5.

Le monde des doulas avait besoin de cela aujourd’hui. Merci xxx

J'aime
Barbara
02 oct.
En réponse à

Merci à toi <3

J'aime

Stéphanie
26 sept.
Noté 5 étoiles sur 5.

Super intéressant! J'adore! Bravo Barbara! ☺️

J'aime
Barbara
02 oct.
En réponse à

Merci beaucoup d'avoir pris le temps de lire !

J'aime

Laura Maude
25 sept.
Noté 5 étoiles sur 5.

!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!🔥

J'aime

Jeanne - Doulama
25 sept.
Noté 5 étoiles sur 5.

MERCI ! 💛

J'aime
Barbara
02 oct.
En réponse à

Merci à TOI !

J'aime

Amélie Héroux doula
25 sept.
Noté 5 étoiles sur 5.

Merci pour cet article si pertinent et juste.

J'aime
Barbara
02 oct.
En réponse à

Merci d'avoir pris le temps de me lire <3

J'aime
bottom of page